"Partir, c'est se rendre vulnérable ou perméable à Dieu.
C'est manifester, par ce départ, que l'on est en quête de Dieu."
Etre pèlerin, c'est toujours lâcher doucement ses certitudes. Celles que les autres souvent identifient mieux que nous-mêmes, et qui rendent les êtres parfois si difficiles à la communication.
Etre pèlerin, c'est reprendre le livre de sa propre vie en haut d'une page vierge et sans hâte de l'écrire. Suppliant peut-être le ciel que rien ne s'y écrive avant que longuement le vent et le ciel n'aient conjugué leurs efforts pour dicter une expérience neuve, inédite.
Etre pèlerin, c'est rompre aussi avec ses soucis, les bons et les autres, et lentement aussi ses angoisses, parfois lourdes. C'est faire la pause, s'octroyer une trêve dans les rythmes implacables. S'accorder la secrète liberté de tout reprendre à neuf, le voyage pèlerin étant comme un entraînement qui permettra de reprendre autrement ensuite le tissage des travaux et des jours entrepris depuis... toujours en fait !
Extrait de J. Nieuviarts, Nomades, "Le petit livre du marcheur et du pèlerin", pp.18-19